La sécurité de jour à Euronat

Entretien avec Dom, entretien réalisé par l’IFE-AIDE le 22 août 2021

Combien êtes-vous pour assurer la sécurité à Euronat ? 

 C’est variable, mais on va dire à peu près une quinzaine sur la haute saison. Nous avons une vie familiale qu’il faut savoir gérer et donc parfois nous avons des absents. 

Comment êtes-vous organisés ?

Je suis le responsable mais tous les jours un membre de l’équipe prend la coordination tournante de la sécurité. Je n’interviens qu’en cas de problème grave et si besoin, j’en réfère à la direction. Nous faisons une réunion tous les matins. Avec la covid, nous ne pouvions pas nous réunir tous ensemble dans le local, alors nous nous sommes divisés en trois groupes, mais le mardi, nous nous réunissons tous ensemble quand même, en plein air.

Quels sont vos critères de recrutement ?

La fonction de surveillant de sécurité est basée sur le bénévolat. Le premier critère de recrutement est donc le volontariat. Nous n’avons que des volontaires bénévoles. Il faut ensuite qu’ils soient disponibles de 9h à 21h, tous les jours, 7 jours sur 7.

Il faut des qualités de diplomatie, parfois les gens sont provocateurs à notre égard et il faut savoir garder son calme. Les surveillants sont tenus à  la confidentialité dans de nombreux cas.

Nous essayons d’avoir des personnes qui pratiquent une langue étrangère. Nous avons dans l’équipe des gens qui parlent anglais, allemand, espagnol, hollandais, nous n’avons pas italien en ce moment…

Les volontaires reçoivent-ils une formation particulière ?

Ils accomplissent un mois de stage pendant lequel ils ont un parrain, et tout au long de leur stage, on va les guider et voir leurs compétences. Même après ce stage de formation, nous intervenons toujours en binôme, ce qui permet d’éviter bien des problèmes.

Il faut entrainer les gens à être mobiles, observateurs, Il faut savoir repérer les intrus, mais aussi tout ce qui ne va pas dans Euronat, ce qui peut présenter des dangers, par exemple, un nid de poule pour les vélos, une branche qui peut tomber sur la route ou au-dessus d’une caravane, il faut tout signaler. 

Quelles sont vos relations avec la police municipale de Grayan ?

On ne les voit pas souvent, mais nos relations sont bonnes, il n’y a pas de souci.

Et avec la gendarmerie de Soulac ?

Elles sont très bonnes également. Les gendarmes savent que si on les appelle, c’est qu’il y a une raison sérieuse. 

Dans quels domaines intervenez-vous sur Euronat ?

C’est très vaste, car nous intervenons dans une multitude de domaines, à tous les niveaux ; ça peut être pour un problème de santé ou quand un enfant s’est perdu ou si par exemple un objet sur la plage pose des soucis de sécurité.

Quatre parmi nous sont secouristes et peuvent intervenir sur les malaises ; nous avons toujours un défibrillateur et du matériel de secourisme. Nous sommes appelés en moyenne 70 fois par an pour secourir les personnes.

Nous sommes très vigilants sur tout ce qui pourrait provoquer un incendie. Nous sommes équipés d’un véhicule avec une réserve d’eau.

Cette année, nous avons dû nous occuper d’un problème de pollution de l’eau. A Grayan, ils ont fait des travaux et ont dû faire rentrer de la terre dans les conduites et donc l’eau sortait jaune ou marron partout dans le camping et les bungalows. Le personnel d’Euronat n’était pas suffisant et donc on était tous répartis sur le terrain à purger tout pour que les estivants et les propriétaires aient de l’eau claire dans les bungalows et dans le camping.

Chaque jour, on vérifie également que les accès des issues de secours sont libres pour des interventions éventuelles de pompiers ou d’ambulance. Nous les faisons entrer par la porte principale, mais ils ressortent par le portail sud.

Les véhicules de secours aux victimes roulent très vite à travers Euronat lorsqu’ils arrivent.

…et ils ont besoin d’être guidés dans Euronat qui est un vrai labyrinthe. Sur ce sujet, nous avons évolué. Nous arrivons les premiers, estimons la gravité des blessures de la personne et en fonction de notre appréciation, faisons arriver les véhicules plus ou moins vite, car il faut éviter en premier lieu les sur-accidents. Quand ça va vite, c’est qu’il faut aller vite, que nous sommes sur un malaise sérieux.

Vous intervenez également pour assurer le balisage des parcours de courses à pied au 14 juillet et au 15 août.

Oui, bien sûr, il faut régler également la circulation des voitures, des caravanes tout en assurant la sécurité des coureurs.

Cette année était un peu particulière avec la covid.

Oui, nous avons fait beaucoup de tests antigéniques pour limiter la contamination et on a demandé aux commerçants de faire respecter le port du masque et les gestes barrière…

Nous nous sommes interrogés sur la pertinence du maintien de la braderie que nous avons autorisée et sur celle du déplacement des enfants des mini-clubs au marché de Montalivet que nous avons supprimé. Il fallait fréquemment prendre des décisions. C’était la direction d’Euronat qui tranchait au final. 

Vous êtes d’astreinte de 9h à 21h et ensuite vous passez le flambeau à l’équipe de nuit. Avez-vous des relations avec eux, les connaissez-vous ?

On connaît les responsables. Nous sommes amenés à croiser les autres, mais on ne les connaît pas tous, ce sont des jeunes qui sont salariés…Une passation a lieu tous les jours entre chaque changement d’équipes.

Peuvent-ils vous appeler s’il y a un gros problème la nuit ?

On peut être amené à collaborer. On a ce qu’on appelle un plan « Eole ». En cas d’orage, nous sommes tous d’astreinte. Nous nous répartissons dans Euronat, chacun a des allées à parcourir pour vérifier que personne n’est sinistré avec un arbre tombé sur une caravane ou un chalet ou une tente inondée… Si nécessaire, la salle Albert Lecoq peut être mise à disposition. Après l’orage, nous pouvons participer avec des tronçonneuses pour débiter un arbre s’il le faut. On peut prendre le tractopelle si nécessaire pour sortir, par exemple, les véhicules qui sont ensablés.

Depuis combien de temps assurez-vous la sécurité dans Euronat ? 

Je fréquente Euronat depuis 30 ans et je suis membre de la sécurité depuis 20 ans. Si je continue, c’est parce que j’aime Euronat et que j’ai des bons rapports avec la direction. Le jour où cela me pèsera, j’arrêterai et ferai autre chose. 

Intervenez-vous concernant les chiens ?

Oui, nous intervenons pour les chiens qui sont agressifs, les chiens qui aboient. Les chiens qui divaguent sont capturés et mis dans une cage. Aux ateliers d’Euronat, il y a une cage où nous gardons les chiens jusqu’à ce que le propriétaire se manifeste. Quelqu’un s’occupe du chien, il a de l’eau, il veille à ce que le chien soit bien.

Avez-vous une anecdote particulière pour terminer cet entretien ?

Un jour, une personne avait perdu son perroquet. Nous sommes partis à sa recherche, mais ne l’avons pas trouvé. Plusieurs jours après, je l’ai aperçu en haut d’un arbre. Il se déplaçait d’arbre en arbre et moi, j’ai couru à travers tous les jardins parce que le perroquet ne suivait pas les routes d’Euronat. Donc à partir du caravaning, je suis arrivé en Afrique. A ce moment, je suis parvenu à contacter le propriétaire. Dès qu’il est arrivé, il a appelé son perroquet qui est venu immédiatement se poser sur son épaule…

Depuis 20 ans que vous accomplissez cette tâche avez-vous été témoin d’une dégradation dans vos conditions d’exercice ?

Et bien, à rebours de beaucoup d’échos pessimistes sur la dégradation de la société, je dois dire honnêtement qu’à Euronat, je ne vois pas de détérioration particulière de nos conditions d’exercice.

Merci ! C’est en tout cas la meilleure nouvelle que vous pouviez nous annoncer !!!

Merci à Dom qui a bien voulu prendre sur son temps pour répondre à nos questions ; merci à lui et à toute l’équipe de la sécurité qui nous permettent de passer, chaque année, de bons moments à Euronat…en toute quiétude !