Si vous avez l’habitude de donner du pain aux oiseaux, il serait vraiment préférable d’arrêter ; cette pratique assez courante, qui part d’une bonne intention, est très dangereuse pour leur santé. Le pain, les biscottes et autres pains de mie sont totalement inadaptés à leur métabolisme.
Les oiseaux aquatiques sont les premiers à souffrir de cette distribution de « nourriture »; les oies, les cygnes et la plupart des canards consomment essentiellement des végétaux, quelquefois des graines, des vers, de petits escargots… et leur système digestif n’est pas adapté pour digérer le pain ; même s’ils paraissent s’en régaler, cela peut provoquer de sérieux dégâts. Chez ces oiseaux, le pain entraine un dysfonctionnement du foie ; c’est une sorte de cirrhose.
En outre, il augmente les risques de développer une malformation osseuse connue sous le nom d’ailes d’ange ; quand ils en sont affectés, leur dernière articulation des ailes est tournée vers l’extérieur. Les plumes ne peuvent alors plus être maintenues à plat contre le corps, et ils sont incapables de voler. Quoi de plus triste pour un oiseau ?…
Il leur est donc difficile d’échapper à leurs prédateurs ou même à des conditions météorologiques défavorables. Comme ils n’ont plus de mode de défense, ils présentent une espérance de vie très limitée.
Les volatiles qui souffrent le plus de cette maladie, sont ceux qui vivent près des plans d’eau car ils sont constamment nourris par les humains… et le plus souvent avec du pain !
Oui, mais me direz-vous, à Euronat, il n’y a pas de canards ou de cygnes…
Bien sûr, mais le pain n’est bon pour aucun oiseau, et même s’il n’amène pas de maladie aussi spectaculaire que chez ces derniers, il provoque des dégâts plus insidieux mais importants en particulier chez les passereaux, les pigeons et les tourterelles. Rappelons que ces animaux sont naturellement essentiellement insectivores ou granivores.
Le problème du pain réside dans sa composition. En ingérant du sel, les oiseaux risquent l’intoxication. Des symptômes cliniques sérieux existent dès l’ingestion de 2g/ kg. Le sel altère les fonctions physiologiques et cérébrales ; à forte dose, il bloque les reins et le cœur, entrainant la mort.
Les levures provoquent des gonflements, l’oiseau a l’impression d’être rassasié et il souffre rapidement de carence s’il ne cherche pas d’autres aliments, d’autant plus que le blé est pauvre en acides aminés.
Existe sans doute aussi le problème du gluten, principale protéine du blé, qui est de moins en moins bien digéré par les humains parce que sa molécule a été beaucoup modifiée dans les dernières décennies. Qu’en est-il au niveau des oiseaux ?
On pourrait aussi parler des additifs présents dans certains pains ou aliments apparentés.
Le pain est encore plus dangereux quand il est mouillé ; d’une part, s’il a trainé longtemps, les bactéries se développent, porteuses par exemple du botulisme ou de la salmonellose… Ces maladies potentielles prolifèrent d’autant plus qu’il fait doux ou qu’il y a promiscuité des oiseaux. D’autre part, le pain mouillé gonfle et devient collant. Les moineaux qui en sont friands meurent souvent rapidement de troubles du système digestif.
Alors, vous l’aurez compris ; si vous avez des restes de pain, faites du pain perdu, des puddings, des farces mais surtout, abstenez-vous de le donner aux oiseaux, quels qu’ils soient ! C’est un cadeau trop empoisonné !
O. Henneguelle, 25 juin 2019
Sources : documents LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux)